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Les associations de sommeil ne sont négatives que si VOUS le décidez




Vous êtes-vous déjà entendu dire : « Mon bébé ne fait pas ses nuits parce que je l’allaite pour l’endormir » ou « Vous créez de mauvaises habitudes en le berçant trop longtemps » ? Les associations de sommeil – tout ce qui accompagne la transition vers le sommeil – sont au cœur de ces débats. Pourtant, il n’existe rien d’intrinsèquement « mauvais » avec une habitude d’endormissement, pourvu qu’elle fonctionne pour vous et votre bébé. Cet article vous aidera à comprendre ce qu’est une association de sommeil, comment elle influence le mon bébé ne fait pas ses nuits, et comment adapter vos habitudes sans culpabiliser.


Sommaire

Mon bébé ne fait pas ses nuits : une inquiétude largement répandue

Il est très fréquent qu’un parent s’inquiète parce que son nourrisson ne "fait pas ses nuits". Pourtant, cette attente repose davantage sur une norme sociale que sur une réalité biologique. Dans notre culture, on considère souvent qu’un bébé de quelques mois devrait dormir sans interruption pendant de longues heures (le fameux 6 mois, 8h de sommeil). En réalité, les recherches montrent que la majorité des bébés de moins d’un an se réveillent encore plusieurs fois par nuit. Selon une étude de Galland et al. (2012), près de 40 % des nourrissons de 6 mois se réveillent encore au moins une fois par nuit. Il est essentiel de rappeler que chaque bébé a son propre rythme, influencé par sa maturation neurologique, son tempérament, son alimentation et ses besoins de proximité.


Qu’est-ce qu’une association de sommeil ?


Une association de sommeil est tout stimulus – geste, objet, environnement – que votre bébé associe à l’endormissement. Pour les adultes, cela peut être un livre, une tasse de tisane ou un bain chaud ; pour le tout-petit, cela peut être :

  • Une tétée ou le sein au moment du coucher

  • Un câlin ou un bercement

  • La présence d’un doudou ou d’une tétine

  • Un environnement sonore (bruits blancs) ou une berceuse

« Les associations de sommeil aident à signaler la fin du réveil et à faciliter la transition vers le sommeil » (Mindell & Williamson, 2018)[¹]. Sans routine cohérente, l’enfant peut se réveiller plus fréquemment et éprouver des difficultés à se rendormir seul, contribuant au sentiment que mon bébé ne fait pas ses nuits.

Pourquoi les habitudes de sommeil sont-elles importantes ?

Les habitudes et routines offrent stabilité et prévisibilité, deux piliers du développement infantile.

  • Sécurité émotionnelle : un rituel répété rassure l’enfant en lui indiquant que le moment de dormir approche (Sadeh, 2004)[²].

  • Qualité du sommeil : une routine régulière est corrélée à une diminution des réveils nocturnes et à un endormissement plus rapide (Burnham et al., 2002)[³].

  • Adaptabilité : lorsque l’association n’est plus efficace (bébé trop stimulé, changement d’âge), il est normal et sain de l’ajuster.


D’ailleurs, les adultes aussi ont leurs propres rituels pour s’endormir : lire, boire une infusion, éteindre la lumière d’une certaine manière. Ce sont autant d’associations de sommeil. Elles participent à la construction d’un endormissement sécurisé, surtout dans les premiers mois de vie.


Les associations de sommeil : ni bonnes ni mauvaises… sauf si VOUS le décidez


On entend souvent que les associations de sommeil sont des "mauvaises habitudes". En réalité, elles sont neutres : ce qui compte, c’est la manière dont elles sont vécues. Une association devient problématique seulement si elle pèse sur le quotidien familial ou si les parents n’y trouvent plus de sens. Téter pour s’endormir ou être bercé n’est pas un problème en soi : c’est une manière naturelle pour le bébé de trouver le sommeil. L’idée de "mauvaises habitudes" vient souvent d’une lecture adultocentrée des besoins du nourrisson, qui invisibilise son besoin fondamental de proximité et de régulation par le corps de l’autre.

  • Tant qu’une association fonctionne pour votre famille, il n’y a aucune raison de l’abandonner.

  • Si elle devient source de stress, de frustration ou ne répond plus aux besoins nutritionnels et développementaux, c’est le signe qu’il est temps de repenser vos habitudes.

Exemples :

  • Vous aimez allaiter pour endormir votre bébé ? Parfait !

  • Vous préférez les câlins et le bercement ? Ces moments de connexion sont précieux.

  • Les siestes en portage fonctionnent encore ? Continuez tant que cela vous convient.


“Mon bébé ne fait pas ses nuits” : identifier l’association en jeu

Quand votre enfant se réveille fréquemment, demandez-vous :

  1. Quelle association recherchait-il ?

  2. Correspond-elle toujours à son âge et à ses besoins nutritionnels ?

  3. L’association est-elle devenue plus difficile à mettre en œuvre pour vous (fatigue, reprise du travail, espace de sommeil séparé) ?

Si le problème persiste, envisagez de modifier l’association plutôt que de lutter contre elle. Un sevrage nocturne progressif, l’introduction d’une nouvelle routine apaisante ou l’ajout d’un objet transitionnel peuvent rendre l’endormissement plus autonome.




Quand ça ne vous convient plus, c’est que c’est le bon moment pour changer


Il arrive un moment où une habitude qui fonctionnait bien jusqu’alors devient source de fatigue ou de tensions. Ce moment-là est un signal légitime. Il n’y a pas de "mauvais" moment pour adapter une routine, mais il y a des moments opportuns : ceux où le parent ressent que le poids est devenu trop lourd. C’est un bon indicateur pour enclencher un changement. Cela ne veut pas dire tout bouleverser brutalement, mais amorcer une transition douce, avec cohérence et prévisibilité pour l’enfant. Les besoins du parent comptent aussi : ils font partie de l’équation.


Changer les habitudes sans culpabiliser


Quand un parent souhaite modifier une habitude de sommeil, il est souvent confronté à un flot de jugements et de doutes. Vais-je traumatiser mon enfant ? Ai-je déjà trop attendu ? On entend de tout : "Tu aurais dû le faire plus tôt", "Il va en prendre l’habitude"... Ces remarques nourrissent la culpabilité et rendent le changement plus difficile. Pourtant, il n’y a pas de moment idéal, il y a le moment qui fait sens pour la famille. Le parent peut s’appuyer sur ses ressentis, ses observations, et faire évoluer les choses avec bienveillance, sans pression extérieure. L’expérience se construit pas à pas, et non dans le dogme.


Changer d’association tout en soutenant l’émotion


Changer une habitude de sommeil peut générer des protestations ou des pleurs chez l’enfant, car tout changement provoque de l’incertitude. Cela ne signifie pas que le changement est mauvais ou que l’enfant est en détresse. Il exprime une frustration, un besoin de réassurance. Le parent peut être présent, contenir, accueillir : "Je vois que tu n’es pas content, je suis là", "Tu as le droit de ne pas aimer ce changement, et je reste près de toi". Il ne s’agit pas de laisser pleurer un enfant seul, mais de le soutenir pendant qu’il s’adapte. Cette présence est un socle de sécurité affective durable.

Modifier une habitude de sommeil, c’est aussi accompagner un deuil pour votre enfant :

  • Validez ses émotions : les pleurs sont une forme de communication (promouvoir la santé émotionnelle[⁴]).

  • Restez constants et chaleureux : proposez une alternative apaisante (chanson douce, caresses).

  • Progressivité : étalez le changement sur plusieurs jours ou semaines pour réduire l’anxiété.

« Les pleurs et les émotions sont normales lorsque l’on introduit un changement. L’important est de guider et de rassurer l’enfant tout au long du processus. »

Garder ce qui fonctionne, changer ce qui ne fonctionne plus

Tout ne doit pas être changé en bloc. Il est tout à fait possible de garder certains rituels rassurants tout en ajustant d’autres aspects. Par exemple : garder le moment du peau-à-peau après la tétée mais proposer un endormissement dans le lit familial, ou encore garder une berceuse préférée mais baisser progressivement le niveau de stimulation. Une façon simple d’avancer est de faire le point : "Qu’est-ce que j’aime dans le coucher avec mon enfant ? Qu’est-ce qui me fatigue ?" Cette réflexion permet de poser un cadre adapté, réaliste, et sur mesure.


C'est vous qui êtes aux commandes

Il n’existe pas de méthode universelle pour le sommeil du tout-petit, mais des repères et des outils que chaque famille peut s’approprier. Vous avez le droit d’aimer certains moments, de vouloir en transformer d’autres, de tester, d’ajuster. C’est vous qui connaissez le mieux votre enfant. Les vents peuvent changer, mais vous êtes le capitaine du navire : vous adaptez la voile. En vous écoutant, en observant votre enfant, vous avancez ensemble, en confiance.


Vous êtes l’experte de votre famille : écoutez vos instincts, observez ce qui convient à votre bébé, et ne laissez personne vous faire culpabiliser. Les associations de sommeil ne sont ni bonnes ni mauvaises : elles le deviennent seulement si vous le décidez. Conservez ce qui fonctionne, changez ce qui ne vous convient plus, et soutenez toujours l’émotion qui accompagne ces transitions.

Références

  1. Mindell, J. A., & Williamson, A. A. (2018). Benefits of a bedtime routine in young children: Sleep, development, and beyond. Sleep Medicine Reviews, 40, 51–62.

  2. Sadeh, A. (2004). Sleep assessment methods. Monographs of the Society for Research in Child Development, 69(3), 1–20.

  3. Burnham, M. M., Goodlin-Jones, B. L., Gaylor, E. E., & Anders, T. F. (2002). Nighttime sleep-wake patterns and self-soothing from birth to one year of age: A longitudinal intervention study. Journal of Child Psychology and Psychiatry, 43(6), 713–725.

  4. My Connected Motherhood. (2025). Promouvoir la santé émotionnelle de l’enfant. Blog My Connected Motherhood.

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