Allaiter en étant enceinte : est-ce que ça pose problème ?
- caroleherve
- 7 juil.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 27 juil.

Il arrive qu’un nouveau bébé s’annonce alors que l’aîné est encore allaité. Cette grossesse peut être désirée, inattendue, ou simplement accueillie comme une suite naturelle. Très vite, une question surgit : Est-il possible – et souhaitable – de continuer à allaiter pendant la grossesse ?
C’est une situation que je rencontre régulièrement en consultation. Et, si elle soulève souvent des doutes ou des injonctions contradictoires, elle ne nécessite ni urgence, ni sevrage systématique. Voici quelques repères pour vous y retrouver.
Sommaire
Est-ce sans danger d’allaiter pendant la grossesse ?
Dans la grande majorité des cas, il est parfaitement possible et sûr d’allaiter tout en étant enceinte. Votre corps sait s’adapter : il continue à nourrir votre enfant tout en apportant au bébé à naître les nutriments dont il a besoin.

Il n’y a donc, en soi, aucune raison médicale d’interrompre l’allaitement, sauf si une complication spécifique se présente (par exemple : antécédents de fausse couche tardive, risque d’accouchement prématuré, grossesse multiple…). Dans ce cas, l’avis de votre sage-femme ou de votre médecin reste essentiel.
Ce que vous pouvez ressentir
Allaiter pendant la grossesse peut entraîner certains inconforts :
Sensibilité des seins ou des mamelons, surtout au premier trimestre
Fatigue accentuée ou nausées plus marquées
Diminution progressive de la production de lait (souvent autour du 4e ou 5e mois)
Apparition du colostrum, au goût et à la texture différents
Il est fréquent que votre "grand" se sèvre de lui-même à cette période, surtout si le goût du lait change ou si le débit diminue. Mais ce n’est pas systématique.
Le colostrum, légèrement laxatif, peut rendre les selles de votre enfant un peu plus liquides : c’est tout à fait normal et sans danger.
À surveiller si votre enfant est encore petit
Si votre enfant a moins d’un an au moment où vous tombez enceinte, il est important de rester attentive à sa croissance, car il dépend encore en grande partie du lait maternel. Vous pourriez avoir besoin d’ajouter des tétées ou d’introduire d’autres sources nutritionnelles, selon les cas. Un accompagnement personnalisé peut vous aider à faire les bons choix.
Prendre soin de vous
Votre corps est très sollicité : il porte une nouvelle vie et continue à en nourrir une autre. Pour vivre cette période avec le plus de confort possible, vous pouvez :
Privilégier des positions d’allaitement plus douces
Limiter les tétées si la fatigue ou les douleurs deviennent trop présentes
Adopter une alimentation équilibrée, vous hydrater régulièrement, et vous accorder du repos autant que possible


Lorsque les grossesses s’enchaînent rapidement, le corps est mis à rude épreuve. Il doit à la fois soutenir une nouvelle grossesse, parfois tout en maintenant un allaitement, et reconstituer ses réserves. Dans ce contexte, il peut être utile d’évaluer avec sa sage-femme ou son gynécologue l’intérêt de prendre un complexe de micronutriments ciblés.
Les besoins varient selon les situations individuelles, mais certains micronutriments méritent une attention particulière :
Le fer, surtout si les pertes sanguines ont été importantes ou en cas de fatigue persistante ;
Le zinc, impliqué dans la cicatrisation, l’immunité et la croissance cellulaire ;
Le calcium, essentiel pour la santé osseuse (encore plus en cas d’allaitement) ;
Les vitamines B9 (folates) et B12, indispensables au développement du système nerveux du fœtus et au bon fonctionnement du métabolisme ;
La vitamine D, souvent basse chez les femmes enceintes ou allaitantes ;
Les oméga-3, notamment le DHA, qui soutient le développement cérébral du bébé et le système nerveux de la mère ;
Le magnésium, pour la gestion du stress, du sommeil et de la fatigue.
Un complément ne remplace pas une alimentation variée, mais il peut être un soutien précieux, notamment si l’appétit est fluctuant ou si la fatigue s’installe.

Et après la naissance ?
Il est tout à fait possible de continuer à allaiter les deux enfants. On parle alors d’allaitement en tandem ou de co-allaitement.
Vous pouvez choisir de donner les deux seins en même temps, ou d’allaiter votre nouveau-né en priorité (notamment pendant les premiers jours de vie ce celui-ci pour qu’il reçoive bien le colostrum). Parfois, l’aîné souhaite téter plus souvent, stimulé par l’abondance de lait. Parfois, il se désintéresse peu à peu de la tétée. Chaque situation est différente, et vos besoins comptent tout autant que ceux de vos enfants.
Et si vous souhaitez sevrer pendant la grossesse ?
Vous pouvez également choisir de sevrer votre enfant avant la naissance. Cela peut être motivé par une fatigue importante, des douleurs, une envie de faire une transition en douceur, ou simplement une évolution naturelle du lien.
Le sevrage peut alors se faire progressivement : espacement des tétées, limitation de la durée, propositions d’alternatives… sans oublier d'expliquer à votre enfant les raisons de ce changement.
Être accompagnée dans vos choix
Que vous poursuiviez l’allaitement, que vous envisagiez un sevrage partiel ou complet, ou que vous hésitiez entre plusieurs options, vous avez le droit d’être soutenue dans vos décisions. Il n’y a pas de bon ou de mauvais choix : seulement celui qui vous convient au moment où vous prenez votre décision.
A lire aussi Allaitement long : faut-il prolonger l'allaitement ?
Ma team lactée et moi-même proposons des consultations pour vous aider à y voir plus clair et faire des choix éclairés, dans le respect de votre corps, de vos enfants, et de votre histoire.
Je vous recommande quelques lectures 😉 :
Mon allaitement sur mesure (Éd. Albin Michel, 2020)
Choisir d’allaiter (Éd. First, 2022)
L'allaitement pour les nuls (Ed. First, 2024)
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