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Concilier allaitement et retour au travail : droits et conseils pratiques


Crédit photo Renaud Caillé
Crédit photo Renaud Caillé

Ça y est, votre congé maternité touche à sa fin et vous allez bientôt reprendre le travail. Comment poursuivre votre allaitement dans de bonnes conditions ? Quel matériel prévoir ? Quels sont les droits que vous garantit le Code du travail, que vous exerciez dans le secteur privé ou dans la fonction publique ? Voici quelques éclairages pour vous aider à reprendre sereinement votre travail tout en allaitant.


Sommaire


Travail et allaitement : un droit garanti par la loi

Jusqu’au 1er anniversaire de votre bébé, le Code du travail protège votre droit d’allaiter votre enfant. Vous avez deux possibilités :

  • allaiter votre enfant sur votre lieu de travail ;

  • tirer votre lait. 


Deux pauses allaitement de 30 minutes chaque jour

Votre employeur est tenu de vous accorder une heure chaque jour, prise sur votre temps de travail, et répartie en 2 fois 30 minutes, si vous n’avez pas décidé d’une autre organisation. Normalement, vous devez vous mettre d’accord avec lui sur le choix des créneaux horaires concernés. À défaut, vos pauses allaitement doivent avoir lieu au milieu de la matinée, puis au milieu de l’après-midi. 


S’il ne respecte pas ses obligations, il encourt une amende qui peut aller jusqu’à 3000 euros, en cas de récidive. 


Dans certains cas, votre convention collective est plus favorable : renseignez-vous ! Cependant, et on le déplore encore aujourd’hui, sauf si votre convention collective le prévoit, cette heure n’est pas systématiquement rémunérée


Nous continuons l'allaitement malgré la reprise
Nous continuons l'allaitement malgré la reprise

Notez aussi que dans la pratique, avec une routine ajustée à vos besoins, vous pourriez très bien n'avoir besoin que d'une quinzaine de minutes pour tirer à chaque fois.


Entre deux ramettes de papier, au travail...
Entre deux ramettes de papier, au travail...

Un local dédié si votre entreprise emploie plus de 100 personnes


Votre entreprise est tenue de mettre à votre disposition un local soit dans ses locaux, ou bien à proximité


Celui-ci doit être séparé de votre local de travail (ça ne peut pas se faire dans votre bureau, ou derrière votre caisse !). Ça va mieux en l’écrivant. Le local doit évidemment être :

  • bien éclairé, 

  • bien aéré,

  • propre, 

  • à une température raisonnable,

  • avec un accès simple à l’eau courante,

  • équipé d’un moyen de réchauffer les aliments... 

  • et pourvu de sièges confortables !

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"le placard où je tire mon lait"
"le placard où je tire mon lait"

Il doit aussi être assez grand pour garantir un espace de 3 m2 à chaque enfant. 


Une maman avocate qui poursuit l'allaitement
Une maman avocate qui poursuit l'allaitement

Attention : si votre employeur met un local à votre disposition, votre créneau d'allaitement passe de 30 à 20 minutes !


Si vous exercez dans la fonction publique


Les règles sont les mêmes que dans le secteur privé : vous bénéficiez d’1 h par jour. Vous devez la prendre en 2 fois lorsque le lieu de garde de l’enfant est intégré à votre lieu de travail. 


Mais vous pouvez aussi bénéficier de facilités de service si le lieu où se trouve votre enfant est situé à proximité de votre lieu de travail. Renseignez-vous auprès de votre direction des ressources humaines.


Si vous travaillez de nuit


Même si votre bébé faisait ses nuits, veillez tout de même à tirer un peu de lait. En organisant des pauses tirages sur votre temps de travail la nuit, vous aurez ainsi du lait en réserve à donner à la personne qui le garde pendant que vous travaillez. Et parce qu'une mère avertie en vaut deux, sachez qu'un écart de 6h sans tirage vous met dans des conditions propices à un engorgement et à moyen terme à une baisse de lactation. Mieux vaut en avoir conscience.


De nombreuses mères rapportent d'ailleurs que leur lactation a considérablement diminué quand elles ont arrêté d’allaiter la nuit ou bien qu’elles ont sauté des tirages. Et ce n'est donc pas la fatigue de la reprise qui est à mettre en cause dans la baisse de lactation mais bien la fréquence des tétées/tirages. Une maman avertie en vaut deux !



Quand vous êtes avec votre enfant, continuez à l’allaiter à la demande tout simplement sans chercher à le réguler d’une quelconque manière. Une stimulation fréquente permet le maintien d’une lactation optimale.


Trop contente que mon petit puisse avoir du lait pour demain
Trop contente que mon petit puisse avoir du lait pour demain

Allaiter serait-il un geste réservé aux femmes qui ne travaillent pas ? C'est ce qu'affirme votre voisine de palier, et pourtant, c’est faux !



Allaitement et reprise du travail : voici comment vous organiser

Dans tous les cas, pensez à prévoir un peu plus de lait que ce que votre enfant consomme habituellement, pour que ni la crèche ni la nounou ne soient en panne si votre bébé semble réclamer davantage ! Il se régulera avec le temps. N'ayez pas peur de trop lui en donner.


Vous veillerez toutefois à respecter la chaîne du froid pendant le transport : une glacière et des pains de glace sont vos meilleurs alliés. [voir plus bas : Le matériel nécessaire pour stocker votre lait]

Le matériel nécessaire pour tirer votre lait au travail


Si vous préférez voyager léger, vous pouvez opter pour un tire-lait manuel ou un qui se glisse dans le soutien-gorge. Il en existe même des modèles qui peuvent exprimer le lait de vos deux seins en même temps et vous faire gagner un temps précieux ! Prudence toutefois avec ces modèles qui sont connus pour être moins efficaces que des tire-lait automatiques.


De nombreuses mères constatent qu’elles gagnent un temps considérable en optant pour un tire-lait électrique. Vous avez le choix entre plusieurs options d’alimentation : sur secteur, à piles, à batterie, compatible avec un allume-cigare, etc. 


Les modèles de tire-lait nomades « d’entrée de gamme » sont souvent peu efficaces et peuvent s’avérer inconfortables. Ils ne sont adaptés que lorsque la lactation est déjà bien établie et que l’utilisation reste ponctuelle, par exemple lors d’une courte absence ou pour prévenir un engorgement. Leur durée de vie est limitée, généralement autour de 250 heures, ce qui les rend peu fiables dans la durée. Et même dans ces situations, il reste pertinent de s’assurer que la téterelle est bien adaptée afin d’éviter douleurs ou diminution de l’efficacité de l’extraction. Je vous guide bien évidemment sur ces choix.


Le tire-lait de qualité hospitalière est plus performant
Le tire-lait de qualité hospitalière est plus performant

La question peut se poser de savoir s'il est pertinent d'investir ou pas dans un modèle qui se glisse dans le soutien-gorge compte tenu de la durée limitée de son utilisation.



Astuce : vous n’êtes pas obligée d’acheter votre tire-lait, vous pouvez le louer. Votre pharmacien ou un loueur professionnel peuvent vous en confier un, de bonne qualité (la loi française réglemente les modèles qui sont proposés à la location). A ce propos, si vous disposez d’une ordonnance, la Sécurité sociale prend en charge une partie du montant de la location, Et votre mutuelle est susceptible de couvrir le reste des frais, renseignez-vous !



Le matériel nécessaire pour stocker votre lait


Le lait matériel exprimé ne nécessite pas de précautions spéciales pour sa manipulation. Il peut être stocké sur le lieu de travail dans le réfrigérateur où d’autres employés conservent leurs aliments


Pour conserver votre lait pendant le trajet entre votre travail et chez vous, prévoyez un sac isotherme, avec des pains de glace dedans.


S’il n’y a pas de frigo sur votre lieu de travail, prévoyez une glacière… toujours avec des pains de glace pour éviter de rompre la chaîne du froid.


Astuce : pour ne pas vous trimballer une valise complète sur votre trajet quotidien, vous pouvez laisser votre tire-lait et votre glacière (sans les pains de glace) au boulot !


Pensez aussi à emmener des contenants (des pots en verre par exemple) dans lesquels vous pourrez conserver le lait exprimé. Ou des biberons avec un disque d’étanchéité. Ou encore des sacs congélation prévus pour le lait maternel (certains sont conçus pour s’adapter sur les tire-lait). Pensez à inscrire le nom prénom et le nom de votre enfant, la date à laquelle le lait a été tiré et la quantité de lait contenue dans le flacon. 



Si votre enfant va à la crèche


Les crèches proposent généralement un protocole à suivre aux mamans qui poursuivent leur allaitement après avoir repris le travail. 


Et si la crèche refuse de prendre votre lait ? Comme le précise la loi, vous indiquez au référent de votre enfant en crèche comment le nourrir : pour l’administration des produits de la vie courante (médicaments délivrables sans ordonnance, ou tout autre produit (lait, eau, crème fraiche, beurre, huile, chocolat, homéopathie…). Une discussion de bon sens avec la crèche devrait suffire.


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Les négociations se font donc au cas par cas. Je suis là pour vous si un dialogue s’avère nécessaire.


Rassurez-vous, de plus en plus de crèches acceptent le lait maternel avec enthousiasme et bienveillance, sous réserve de respecter à la lettre le protocole qu’elles vous transmettent. 

Si votre enfant va chez une assistante maternelle ou une nounou


Comme pour les crèches, si votre assistante maternelle ou la nounou refuse de prendre votre lait, la loi vous laisse dans le flou.


N’hésitez pas à revoir avec elle les règles d’hygiène sur la conservation du lait : durée de conservation à température ambiante, réchauffement, décongélation, etc. Vous pouvez vous appuyer sur ce mémo pour la rassurer. 


" Le biberon, c'est toutes les 3h pas plus...(!) "
" Le biberon, c'est toutes les 3h pas plus...(!) "

Les organismes de santé comme l'OMS encouragent clairement l’allaitement à la demande, car il respecte la physiologie de la lactation et les signaux de faim de l’enfant. Imposer un intervalle fixe (ex. toutes les 3 heures) est une pratique héritée de l’ère du biberon et ne repose pas sur des preuves scientifiques solides. Ainsi, tant que des recherches robustes n’apportent pas d’éléments nouveaux, les pratiques actuelles (allaitement à la demande, sans restriction de fréquence) doivent être maintenues.

La majorité des nourrissons allaités exclusivement prennent un "repas" toutes les 2 à 4 heures, mais certains peuvent téter plus fréquemment ; c'est ce qu'on appelle les "tétées groupées". Et c'est tout bonnement fidèle à la physiologie.


Stockez votre lait dans de petits contenants. De cette façon, la nounou ou l’assistante maternelle pourra en décongeler la juste quantité et éviter le gaspillage !


Stimuler la lactation après le retour au travail 


En dehors de vos périodes de travail, la solution la plus efficace pour stimuler votre lactation reste d’allaiter votre bébé à sa demande, jour et nuit.

Tirez votre lait au travail 

Si vous faites le choix de tirer votre lait au travail, faites-le à intervalles réguliers (toutes les 2 à 3 heures)… comme si votre bébé était là ! 


C’est la meilleure option pour maintenir votre production de lait !

Gérer la fatigue


Ce n’est pas tant le fait d’allaiter qui risque de vous fatiguer. C’est avant tout le fait de vous habituer à votre nouveau rythme, notamment pendant votre période de rodage. mener de front activité professionnelle, études 


Ensuite, vous allez prendre de nouveaux repères… et la baisse de forme va s’estomper ! Il est vrai que la reprise du travail tout en poursuivant l’allaitement peut entraîner une sensation de fatigue, surtout pendant les premières semaines.


On incrimine souvent l’allaitement comme la cause principale, mais il est important de prendre du recul. Parfois, la fatigue provient autant — voire davantage — d’autres facteurs : un déficit en micronutriments essentiels, une hydratation insuffisante, un manque de sommeil réparateur (on a tant à faire le week-end qu’on s’accorde peu de pauses, alors qu’une sieste peut vite redonner de l’énergie) ou encore une charge mentale importante liée à la gestion simultanée du travail, de l’enfant et de la maison.


Prendre soin de son alimentation, veiller à son équilibre émotionnel et se ménager des moments de repos peut aider à atténuer cette fatigue et à retrouver progressivement une énergie stable.

Vous voulez vous assurer d’être prête le jour J ? 


En 4 h, réparties en 13 modules, je vous donne les clés pour assurer. Au programme : 


  • Comment gérer la séparation en douceur, 

  • Recueillir votre lait, introduire le biberon en toute sécurité

  • Savoir réagir aux aléas (par exemple, une baisse de votre production de lait ou le refus de votre bébé de prendre le biberon). 


Les 3 premiers mois, je consultais tous les jours l'espace de formation
Les 3 premiers mois, je consultais tous les jours l'espace de formation

Bonus : chaque mois, je vous propose une session de questions-réponses en direct !


Le mot de la fin ?

Allaiter tout en travaillant, c’est possible ! Avec un minimum d’anticipation, d’organisation — et en connaissant vos droits — vous mettez toutes les chances de votre côté.


À toutes celles qui poursuivent leur allaitement : un wagon d’ondes d’encouragement ! 

Une étude menée au Japon a montré que les mères qui parvenaient à maintenir l’allaitement pendant les deux premiers mois suivant leur retour au travail avaient autant de chances de continuer que celles qui n’avaient pas repris leur activité professionnelle. Les auteurs insistent sur l’importance d’un soutien adapté : un accompagnement ciblé permet de surmonter les obstacles liés à la reprise du travail et de poursuivre l’allaitement avec succès. Cela demande de l’anticipation, de l’organisation et la connaissance de ses droits, mais l’énergie investie en vaut vraiment la peine — pour vous comme pour votre bébé.


Références


Article L1225-30 du Code du travail (version issue de la sous-section « Dispositions particulières à l’allaitement ») https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000006900913

« Pendant une année à compter du jour de la naissance, la salariée allaitant son enfant dispose à cet effet d’une heure par jour durant les heures de travail. »

« Tout employeur employant plus de cent salariées peut être mis en demeure d’installer dans son établissement ou à proximité des locaux dédiés à l’allaitement. »

Lussier MM, Brownell EA, Proulx TA, Bielecki DM, Marinelli KA, Bellini SL, Hagadorn JI. Daily Breastmilk Volume in Mothers of Very Low Birth Weight Neonates: A Repeated-Measures Randomized Trial of Hand Expression Versus Electric Breast Pump Expression. Breastfeed Med. 2015 Jul-Aug;10(6):312-7. doi: 10.1089/bfm.2015.0014. PMID: 26204125.


Arrêté du 31 août 2021 créant un référentiel national relatif aux exigences applicables aux établissements d'accueil du jeune enfant https://www.service-public.fr/simulateur/calcul/certificatMedical_Creche_Ecole


Arrêté du 11 mars 2019 portant modification des modalités de prise en charge des tire-laits inscrits au titre Ier de la liste prévue à l'article L. 165-1 (LPP) du code de la sécurité sociale


Forster DA, Johns HM, McLachlan HL, Moorhead AM, McEgan KM, Amir LH. Baby‐led compared with scheduled (or mixed) breastfeeding for successful breastfeeding. Cochrane Database of Systematic Reviews 2019, Issue 3. Art. No.: CD009755. doi:10.1002/14651858.CD009755.pub3


Nakada, K. Effectiveness of a breastfeeding program for mothers returning to work in Japan: a quasi-experimental study. Int Breastfeed J 16, 6 (2021). https://doi.org/10.1186/s13006-020-00351-3








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