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Les gaz chez les bébés : ce qu’il faut vraiment savoir


Mon bébé a des gaz. Crédit photo : Renaud Caillé
Mon bébé a des gaz. Crédit photo : Renaud Caillé

Beaucoup de parents s’inquiètent lorsque leur bébé semble inconfortable, pousse, grogne ou émet de nombreux petits pets. Est-ce normal ? Faut-il intervenir ? Et surtout… est-ce douloureux ? Sous le terme très courant de « gaz », se cachent en réalité plusieurs phénomènes différents — de l’air avalé pendant la tétée aux fermentations naturelles dans les intestins. Dans cet article, nous allons explorer les origines de ces fameux gaz, leur rôle dans le développement du microbiote intestinal, les signes à surveiller, les astuces pour soulager bébé, et pourquoi il est essentiel de faire preuve de douceur et de patience face à ces manifestations normales (mais parfois bruyantes) de la vie de nouveau-né.


Sommaire


De quoi parle-t-on quand on dit que bébé "a des gaz" ?

Le mot "gaz" est utilisé pour désigner deux choses différentes, parfois sans distinction :

  1. L’air avalé pendant les tétées, qu’on tente de faire sortir en "faisant faire le rot" au bébé.

  2. Les gaz intestinaux, produits dans les intestins, qui sont évacués par le bas… avec plus ou moins de bruit !

Ces deux phénomènes n’ont pas les mêmes causes, ni les mêmes effets. Il est donc utile de les différencier.

Avaler de l’air pendant les tétées : est-ce problématique ?

Tout le monde avale de l’air en mangeant, même les adultes. Les bébés ne sont pas en reste. Ce phénomène peut être plus marqué selon :

  • la façon dont bébé est positionné au sein ou au biberon,

  • la rapidité d’écoulement du lait,

  • la forme de la tétine s’il est nourri au biberon.

Mais il ne faut pas surestimer ce facteur. Des études par échographie ont montré que les bébés allaités n’ont généralement pas de grandes quantités d’air dans l’estomac (Douglas, 2017). Donc, s’il tète efficacement, sans signes de mauvaise prise, il n’y a pas lieu de s’inquiéter outre mesure.

En revanche, si votre bébé semble avaler beaucoup d’air, a du mal à téter ou semble inconfortable après les tétées, il est utile de consulter une personne formée à l’allaitement (comme une IBCLC) pour évaluer sa succion et vérifier qu’il arrive à bien "sceller" sa bouche sur le sein ou sur la tétine.



D’où viennent les gaz intestinaux ?

Les gaz qui "sortent par le bas" ne proviennent pas forcément de l’air avalé. Ils sont le plus souvent produits directement dans l’intestin par les bactéries du microbiote qui digèrent certaines substances du lait, notamment :

  • le lactose (sucre du lait),

  • les oligosaccharides du lait maternel, qui nourrissent spécifiquement les bonnes bactéries.

C’est un processus naturel, sain et nécessaire à la mise en place du microbiote intestinal du nourrisson. Au début de sa vie, son intestin est presque stérile. Il doit rapidement être colonisé par des bactéries bénéfiques qui vont l’aider à digérer, à protéger sa muqueuse intestinale, à moduler son immunité…


Et pour ça, il faut des "fermentations"… donc, des gaz ! Ce n’est pas un dysfonctionnement, c’est la vie qui s’installe.

Est-ce que tous les bébés ont des gaz ?

Oui, tous les bébés produisent des gaz. Et la plupart d’entre eux les évacuent sans trop de gêne. Certains peuvent montrer un peu d’inconfort, surtout en fin de journée : grognements, jambes qui bougent, besoin d’être portés, besoin de téter plus souvent, etc. Les massages du ventre, le portage, les bains tièdes ou les positions anti-coliques comme la position du léopard sur sa branche que l'on adopte en posant le bébé sur notre avant-bras peuvent aider. Mais parfois, cela va plus loin.

Quand est-ce que les gaz deviennent un vrai inconfort ?

Certains bébés semblent plus sensibles, plus inconfortables que d’autres :

  • Ils pleurent longuement (bien au-delà de 5h par jour), sans raison apparente,

  • Leurs selles sont mousseuses, explosives, parfois malodorantes,

  • Ils se tortillent beaucoup, semblent toujours gênés.


Des études ont montré que les bébés souffrant de coliques ont souvent un microbiote intestinal :

  • moins diversifié,

  • pauvre en bonnes bactéries comme les Bifidobactéries et Lactobacilles,

  • plus riche en Protéobactéries, qui sont potentiellement inflammatoires (Dubois et al, 2015).

Et les probiotiques dans tout ça ?

Certaines études ont montré des résultats intéressants en utilisant des probiotiques, notamment la souche Lactobacillus reuteri :

  • Réduction des pleurs en 21 jours chez les bébés allaités (Sung et al, 2018),

  • Moins d’effet chez les bébés nourris au lait infantile, mais suffisamment pour que de nombreux laits en contiennent désormais.

Ces résultats sont encourageants, mais il est important de rappeler que les pleurs ne sont pas toujours pathologiques. Tous les bébés pleurent. Et tous les bébés ont des jours plus difficiles.

Pourquoi l’allaitement protège-t-il ?

Le lait maternel, avec ses sucres complexes, favorise le développement d’un microbiote riche et protecteur. Il aide à réduire les bactéries potentiellement pathogènes, à nourrir les bonnes souches, et à améliorer le confort digestif sur le long terme.

C’est aussi pour cela que les gaz des bébés allaités sentent généralement moins fort que ceux des bébés nourris au lait artificiel.

Comment aider un bébé gêné par des gaz ?

Voici quelques idées à essayer :

  • Massages doux du ventre, en cercles dans le sens des aiguilles d’une montre,

  • Position anti-gaz après les tétées : bébé allongé sur le côté gauche (en restant bien éveillé),

  • Bain tiède ou un moment peau à peau pour relâcher les tensions,

  • Portage en écharpe ou en sling, qui favorise l’évacuation des gaz,

  • Et parfois… juste du temps.

Et si mon bébé est un petit "suricate" ?

Certains bébés sont très sensibles, très alertes, comme sur le qui-vive. Ils réagissent fort, très vite, parfois dès qu’ils ont un inconfort minime. Cela peut être lié à :

  • leur tempérament,

  • une naissance difficile,

  • une sensibilité sensorielle particulière.

Ils ont besoin de plus de douceur, de sécurité, de régularité. C’est souvent épuisant pour les parents. Si c’est votre cas, n’oubliez pas de prendre soin de vous aussi. Votre calme est la première ressource apaisante de votre bébé.

Ce qu’il faut retenir

  • Les gaz sont normaux chez les bébés. Ils participent au développement de leur système digestif.

  • L’allaitement favorise un microbiote intestinal sain et réduit le risque d’inconforts digestifs.

  • Certains bébés ont besoin d’accompagnement spécifique, surtout en cas de coliques ou d’agitation intense.

  • Les pleurs ne veulent pas forcément dire qu’il y a un problème, mais ils méritent d’être accueillis, entendus, soutenus.

Un petit rot, un pet libérateur, un massage doux et beaucoup de présence : parfois, c’est tout ce qu’il faut pour traverser la tempête.


Références


Vandenplas Y. et al. (2015). A reappraisal of probiotics for the prevention and treatment of gastrointestinal disorders in children. Journal of Pediatric Gastroenterology and Nutrition, 60(Suppl 1), S1–S31.

Dominguez-Bello M.G. et al. (2010). Delivery mode shapes the acquisition and structure of the initial microbiota across multiple body habitats in newborns. PNAS, 107(26), 11971–11975.

Guaraldi F., Salvatori G. (2012). Effect of breastfeeding on gut microbiota: a narrative review. Frontiers in Cellular and Infection Microbiology, 2, 94.

Indrio F. et al. (2009). Gastrointestinal motility in neonates and infants: physiology and clinical implications. Current Pediatric Reviews, 5(2), 127–133.

Barr R.G. et al. (1991). The crying of infants with colic: a controlled empirical description. Pediatrics, 87(1), 14–21.

Field T. (2019). Infant massage therapy research review. Complementary Therapies in Clinical Practice, 35, 232–237.

Ferber S.G., Makhoul I.R. (2004). The effect of skin-to-skin contact (kangaroo care) shortly after birth on the neurobehavioral responses of the newborn to pain. Pediatrics, 113(4), 858–865.

Ball H.L. et al. (2017). Parenting practices and infant sleep: A review of the literature. Sleep Medicine Reviews, 36, 86–94.

Douglas P.S., Hill P.S. (2013). Behavioral sleep interventions in the first six months of life do not improve outcomes for mothers or infants: a systematic review. Journal of Developmental & Behavioral Pediatrics, 34(7), 497–507.

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